Santoré : « On n’imaginait absolument pas ça »

L’enfance n’est pas si loin. Le temps de l’insouciance, de la fougue juvénile et des caprices en château de sable ne s’oublie jamais. Surtout ce jour-là. Ce jour où Santoré rentre dans notre quotidien. Ces deux frangins, aux débuts prometteurs, remontent les années pour faire pétiller sauce ketchup nos yeux d’enfant curieux. Rencontre avec Mathieu Gouny.


Mathieu Gouny, vous êtes à l’origine du projet Santoré, que votre frère a rejoint l’année dernière. Votre deuxième Ep – Tabou – a été très bien reçu par la critique, notamment par JD Beauvallet des Inrockuptibles. Jusqu’ici, tout roule en fait ?
On est vraiment surpris par la tournure des événements. Pendant longtemps, ce projet n’avait pas vocation a être rendu public, peut-être à cause de mon manque de confiance en moi, et quand on voit les retours sur notre musique aujourd’hui, c’est très encourageant. Il faut dire que cet échange avec JD Beauvallet – suite à un mail envoyé sur un coup de tête – et l’article qui a suivi sur le site des Inrocks ont changé beaucoup de choses : grâce à ça, Santoré commence progressivement à prendre, on a décroché de nouvelles dates, des articles dans différents webzines. On va jouer à Amsterdam en mai, on vient de faire la première partie de Pegase, un manager et un attaché de presse nous suivent, tout va très vite. On est clairement au-dessus de nos espérances : il y’a six mois, on n’imaginait absolument pas ça. A la base, quand on a sorti le deuxième Ep, on avait seulement une date de programmé à Paris. On pensait la faire et rien de plus. Alors on est comme des fous en ce moment. J’ai même stoppé mes études en cinéma pour me concentrer entièrement à la musique.

La majeure partie de votre travail – que vous définissez sur Facebook par le nom de folktronica – se construit autour de vos souvenirs d’enfance. Comment traduit-on cette nostalgie en un univers artistique aussi fourni ?
La thématique de l’enfance, qui est à l’origine de Santoré, est un sujet qui me poursuit en permanence. Je retrouve dans son émerveillement et sa naïveté une certaine nostalgie que j’avais besoin de retranscrire. J’aurais pu choisir de le faire par le biais du cinéma – vu que c’est mon domaine universitaire – mais la musique s’est avérée plus appropriée : un film, il faut des moyens financiers et matériels considérables, des acteurs, c’est trop compliqué. Après, pour répondre à la question, j’essaie, sans trop le calculer, de faire quelque chose de cinématographique et d’instrumental, comme pour accompagner un film que j’aurais réalisé sur l’enfance. Certains parlent de folktronica, d’autres de poptronica. Le deuxième terme est peut-être plus adapté mais, avant tout, ce que l’on veut, c’est être dans la nostalgie, la mélancolie et dans l’euphorie.

Antoine fait désormais partie intégrante de Santoré depuis le deuxième opus. Pourquoi avez-vous choisi votre frère pour vous accompagner ?
Je n’aurais pas pu faire Santoré avec quelqu’un d’autre. Les émotions que l’on veut faire passer – autour de l’enfance – nous sont communes. On a vécu ensemble, on a les mêmes souvenirs, donc ça colle parfaitement. Au départ, je lui avais simplement demandé, vu qu’il est ingénieur du son, de mixer les morceaux de mon deuxième Ep. Sur le premier, je m’étais occupé de tout et ça manquait de professionnalisme. Et finalement, Antoine ne s’est pas contenté de m’appuyer sur l’aspect technique, il a eu une attitude de producteur avec des avis artistiques très intéressants. Je cherchais quelqu’un pour m’accompagner sur scène et apporter une touche plus acoustique : c’était dans la logique que ce soit lui, surtout que l’on a déjà une belle complicité musicale grâce à nos projets musicaux antérieurs. Maintenant, c’est définitif, Santoré est un duo.

Quand un projet comme le vôtre commence à trouver sa voie, on se laisse probablement aller, même inconsciemment, à certaines rêveries. Quels sont vos espoirs ?
On est très ambitieux avec ce projet, on espère qu’il va s’inscrire dans le temps. J’aimerais que ce soit un projet de vie : vivre de la musique et avoir des projets artistiques variés, à la manière d’un Chilly Gonzales, ce serait grandiose. Seulement, si Santoré continue de grandir, il faudra penser à se renouveler. On ne pourra pas se cantonner au thème de l’enfance, il faudra dépasser ce concept et parler d’autres choses. Mais bon, on n’en est pas là, on ne se pose pas encore ces questions. On réfléchit plutôt à court-terme et, actuellement, c’est notre live qui nous préoccupe et nos futures compositions pour la sortie à venir de deux opus, en juin puis en septembre, en synchronisation avec les saisons.


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Par Romain Le Berrigot